Autobiodégradable

Lundi 24 Septembre.

Ce week-end fut Spectaculaire. Il commença le Vendredi par la journée professionnelle. Je revêtis mon habit d’apparat, celui qui me fait professionnel de la profession où, mon rôle consistait, avec 2 camarades, à être membre d’un jury qui recevait des projets musicaux. Notre mission était de les conseiller sur le pitch de leurs présentations. Nous étions tels les Masterchiefs Popstarisés, prenant notre rôle à cœur donc presque sans pitié. Nous fûmes, je pense, de bons conseils. Certains repartirent de cette entrevue le baume au cœur à l’ouvrage. Il n’avait plus qu’a se magner de faire leurs carrières ultra rapidement, vu le temps qu’ils leurs restaient pour devenir riche et célèbre.

Le lendemain, le Samedi, Spectaculaire prit la teneur de son énoncé. Tout autour du Canal de l’Ourcq, entre la Rotonde de Stalingrad, et le pont de Crimée, 250 stands mandataire de l’Art dans certaines de ses valeurs, comme le théâtre, le cinéma, la musique, le crique, les musées présentaient leurs nouvelles saisons, période Septembre 2012/Juin 2013. Leurs missions et envies : solliciter le public pour des abonnements sur une année. Animé par une certaine animosité proche de la colère, car habillé, maintenant même abimé par la proche échéance, je leur disais que c’était dégueulasse d’abuser ainsi du portefeuille de la ménagère de plus ou moins 50 berges, qu’ils pourraient tout aussi bien leur proposer un abonnement trimestriel qui s’arrêterait avant les fêtes de Noël, une sorte de promotion où ils ne donneraient aucune explication. Ils m’envoyèrent tous balader et chier sur les roses ; je finis même par me faire botter le cul par les agents de sécurité qui m’expédièrent dans le canal qui passa Ourcq mes appels au secours. Désespéré, je parvins à nager jusqu’à Tribardou, 39 kms en aval de l’endroit où on m’avait balancé. De là, quelque peu essoufflé, dans un premier temps, me secouant comme un clébard, puis me faisant, quatre fers en l’air, sécher au soleil, j’entrais en phase avec l’astre des temps pour lui mander. Celui-ci, d’assez bonne composition, me conforta chaleureusement. Bien que je ne lui accorde qu’une confiance relative (souvenons-nous que l’Apocalypse pourrait venir de puissantes éruptions solaires), je l’écoutais. Normal pour quelqu’un comme moi sensible au petit félidé, car comme dit le proverbe : « À bon chat, bon Râ ».

Une fois séché, bousculant légèrement un cycliste égaré, j’attrapais son vélo et entamai une remontée vers le lieu du délit.

J’arrivais à bon port, le Samedi soir. J’avais une mission pour raisonner les incrédules. En effet, en guise d’apéritif, les Seigneurs du Royaume de la musique accordaient festivités en ripaille arrosée. Je m’introduisis dans la place, voulant déployer quelques arguments afin que les quidams que le cauchemar* allait bientôt commencer. Pour cela, j’employais une stratégie hors du commun. Pas question que je monte sur une table et que je balance mon discours homérique (du Sud). J’affublais alors mon habit de disc-joker et plaça quelques perles de la chanson à danser. Mais pas n’importe quels titres, même si ceux-ci s’apparentaient à des hits. Ce que personne ne savait, c’est qu’ils contenaient des message subliminaux mettant en garde de ce qui nous attendaient prochainement. Le message, me sembla-t-il, passa, de nouvelles personnes le déchiffrèrent.

Hier, c’était Dimanche. Mon nouvel ami le soleil hésitait à se montrer à la fête, puis céda. Spectaculaire s’enrichit de nouveaux et nombreux marcheurs dominicaux ; les quais de Loire et de Seine, quelque peu sollicités par les boulistes, se goinfra une population curieuse et nonchalante. Ça beau être le spectacle, c’est dur d’y mettre les deux pieds**. Les chalands se fendaient de peu de deniers ; ils se promenaient, ne se jetaient pas sur les offres… Ces offres regroupées étaient-elles trop supérieures à la demande ? Au moins, ils étaient au parfum que tout cela existait. Quand à moi, trop déprimé, à cause de l’alcool en mélange extravagant bu en quantité la veille, j’errai sur les quais, même pas capable de balbutier la moindre parole influente ou quoi que ce soit de cohérent. Ma grande résolution messianique en prit plein son crade. Je me contentais d’observer une dernière fois les impénitents sur quai de Canal. Je quittais les lieux la tête basse, perdu dans les affres d’une réflexion impure, celle que la prochaine édition de « Spectaculaire » aura quelques longueurs d’avance ; il ne fait nulle doute qu’elle aura lieu le jour de l’Apocalypse, et là, ce sera vraiment spectaculaire !…

* À prononcer comme dans les envahisseurs avec Roy Thinnes dans le rôle de David Vincent.

** Se cache un jeu de mot savatement dissimulé.